Bienvenue dans cet espace dédié à l'écriture ! Ici, je vous invite à plonger dans le processus de la réalisation d’un roman, où mes extraits vous offriront un aperçu de mon univers littéraire et de ma démarche créative. Mon objectif est de vous montrer l’évolution d’un écrit, de la première idée jusqu’à sa maturation finale. Chaque texte est le fruit d’un travail minutieux, mêlant imagination, documentation, correction et réécriture. Curieux de découvrir l’envers du décor ? Alors, allons-y !

Focus sur : Un Chardon à Versailles

Extrait chapitre 1  :

Elle chevauchait comme un garçon, sa robe remontée jusqu’aux genoux, ses mollets  blancs chaussés de bottines en cuir serrant les flancs de son cheval. S’il l’avait surprise à monter ainsi, son père aurait désapprouvé. La fillette d’autrefois pouvait se le permettre, la jeune lady de vingt ans qu’elle était devenue devait se comporter de façon correcte. Mais son père ne quittait plus sa chambre depuis deux semaines, alité à cause d’une jambe brisée. Qu’importait les convenances quand le devoir exigeait qu’elle ouvrît l’œil à sa place.

Caractéristiques historiques du clan :

L’autorité du chef de clan était absolue. Il décidait de l’avenir du clan, de ses alliances et de ses guerres. Jusqu’à la bataille de Culluden, en 1746, le clan constituait la structure essentielle de la société écossaise. L’intérêt collectif passait avant l’individualité de ses membres. Ainsi lorsqu’une personne accusée de vol échappait à la justice, un autre homme du même clan pouvait être jugé à sa place.

L’importance du préfixe Mac :

Le préfixe Mac au début de la plupart des noms propres veut dire « fils » en gaélique écossais. Par exemple, Andrew Mac Donald se traduit par : fils de Donald. Fréquemment utilisé dans l’écriture des noms de famille d’origine irlandaise ou écossaise.

Évolution de transmission des terres :

Au début du XVIIe siècle, du fait de l’influence anglaise, l’obligation de défendre le chef de clan par les armes (contre les autres clans) fut remplacée par le devoir de lui payer un impôt ou un loyer, alors que la terre, qui avait jusque-là fait office de récompense en échange de loyaux services militaires, se transformait progressivement en marchandise qu’il devenait possible d’acheter, de vendre et de transmettre par voie de succession.

Guerres entre clans :

Si les clans s’opposèrent souvent aux rois d’Écosse qui voulaient les transformer en seigneuries féodales pour les contrôler, ils s’affrontèrent également les uns les autres, car il n’était pas rare que deux clans revendiquent le même territoire. Au XIVè siècle, les Mackintoshs (aidés notamment par les Davidsons, les Macphersons et les MacGillivrays) vinrent difficilement à bout des Camerons pour la possession de terre du Lochaber. Les Camerons luttèrent souvent contre d’autres clans pour étendre leurs possessions et dominer le Sud-Ouest de l’Ecosse. Au XVIIe siècle, ils obtinrent la mise hors la loi durable du clan MacGregor auquel on reprochait une pratique étendue du pillage. Ils défirent le clan Lamont et en tuèrent tous les membres, dont des femmes et des enfants.

Extrait  chapitre 2 :

Ils approchaient de la sortie quand Sergio remarqua en sourdine :

— On aurait au moins dû lui laisser un flambeau pour l’éclairer. Il va nous détester.

Ne revenant pas sur la probabilité que tout le monde devinât sa complicité, Sheena répliqua :

— Il nous déteste déjà. Moi, parce que je suis la fille de mon père. Toi, parce qu’il n’apprécie pas ta célérité dans ton travail.

Hochant la tête en signe d’accord, Sergio ne put se retenir d’ajouter :

— Tu ne m’ôteras pas de l’idée que ton plan est risqué.

Ce qui eut le don de relancer leur querelle.

— Oh, tu m’agaces ! Si c’est pour récriminer jusqu’à ce qu’on libère cet imbécile, tiens-toi loin de moi le temps du tournoi. De toute manière, je te répète que je me tairai sur ton implication.

— Tu sais très bien que ce n’est pas ce qui m’inquiète.

— Oui, je sais. Mais l’idée te paraît mauvaise. A moi de te prouver le contraire. Maintenant tu passes devant pour sortir. J’attendrai quelques minutes avant de me montrer. Il ne faut pas qu’on nous voie ensemble.

S’inclinant de nouveau devant elle, il la dépassa.

— Comme tu le désires.

Écrire de l’historique, c’est évoquer des us et coutumes un peu oubliés, en les plaçant correctement sur une échelle temporelle.

Le Kilt :

Les premières référence au kilt écossais datent du XVe siècle. Il s’agissait du « grand kilt », le breacan ou belted plaid. C’était un vêtement long dont la moitié supérieure pouvait être portée comme une cape, relevée sur la tête ou drapée autour des épaules. Vêtement traditionnel des hommes et des garçons des Highlands à la fin du XVIIIe siècle, il est associé de manière plus large à la culture de l’Ecosse depuis le XIXe siècle.

C’est aussi inclure dans son récit des personnages historiques réels, dont tout le monde n’a pas forcément entendu parler.

Cromwell :

Né en 1599, ministre du roi Henri VIII d’Angleterre et principal acteur de la réforme mise en place dans ce pays lorsque Henri VIII cherche à faire annuler son mariage avec Catherine d’Aragon pour épouser Anne Boleyn. Pour cela le roi l’autorise à discréditer la papauté. Nommé Lord Chancelier, il accroît son contrôle sur les Communes en influant sur les élections

Autoritaire, voire tyrannique, Cromwell ordonne a tous les habitants de Londres puis à l’ensemble du royaume de prononcer un serment qui accepte les nouveaux pouvoirs du roi et sa rupture avec Rome, considérant comme trahisons tous propos rebelles prononcés contre la famille royale. Il mène une véritable croisade contre le catholicisme au profit du protestantisme et de la nouvelle Église Anglicane.

Trop sûr de lui, il finit par être discrédité auprès du roi par ses ennemis qui ordonnent sa décapitation en 1658.

Ces notes servent également à citer des mots traditionnels qui collent au pays, et qui, bien que compréhensibles dans le texte, demandent parfois un approfondissement pour les plus curieux.

Le haggis :

Ou panse de brebis farcie d’un hachis à la base de viande, est un plat traditionnel écossais.

D’où l’importance des notes en bas de page.

Mais des notes rédigées de façon la plus concise possible par rapport à ce que l’on veut souligner.

Des notes qui doivent apporter de vraies informations complémentaires aux curieux qui désirent les lire, sans entraver d’aucune manière la lecture du roman.

Extrait  chapitre 3 :

— L’exil ou le mariage, vous trouvez ce choix équitable ?

Inspirant profondément pour conserver son calme, lord Mac Fergus tenta une autre approche :

— Tu devrais me remercier, au contraire. Peu de pères accorderaient une telle latitude à leur progéniture. Fille ou garçon. Et puis, si ton indécrottable esprit de rébellion l’emporte et que tu reviens avant l’heure, tu finiras peut-être par trouver du charme à ton mari. De toute manière, c’est ça ou je demande au vieux Fergusson de te garder sous clé sur son îles le temps de régler notre problème.

Il comprit son erreur en voyant les yeux de Sheena flamber de colère.

Marie Stuart (1542-1587), reine emblématique d’Écosse

Elle vécut plus d’un siècle avant mon héroïne, mais son mariage avec un prince français lui donne droit à une citation.

Épouse de François II, fils aîné de Marie de Médicis et de Henri II, roi de France de 1559 à 1560. Il meurt après seulement 15 mois de règne, à dix-sept ans, de maladie. D’après les chroniqueurs, il laisse une toute jeune veuve inconsolable.

Extrait  chapitre 4 :

Alors que les rues de La Rochelle défilaient au rythme d’un trot soutenu, elle s’interrogeait sur Louis de la Coutelière. Quelle sorte d’homme pouvait ainsi accepter de jouer une comédie qui, mariage ou non, l’humilierait ? Elle n’était pas pressée de le rencontrer, et si elle parvenait à trouver un moyen de suspendre cette farce rapidement pour rentrer en Écosse, cette éventualité ne se réaliserait même peut-être jamais. Mais, quelque part, cette idée la chiffonnait.

Extrait chapitre 5 :

— Pardonnez ma curiosité, baronne, mais j’ai du mal à vous suivre. Je me sens honorée par l’attention que vous portes à m’instruire de ces choses, mais en quoi vont-elles me servir ? N’êtes-vous point indésirable à Versailles ?

Habituée à aller droit au but, Sheena ne réalisa son impolitesse qu’au moment où Sergio lui administra un discret coup de pied. Il était cependant trop tard pour revenir en arrière. Elle venait de mettre la baronne dans l’embarras. Pour s a part, Jeanne ne s’attendait visiblement pas à tant de franchise. Les lèvres pincées, ravalant tant bien que mal un couac outré, elle eut besoin de quelques secondes pour recomposer l’engouement habituel de sa physionomie.

Son aplomb retrouvé, elle répliqua avec une légèreté qui ne manquait cependant pas de piquant :

— Voilà un franc-parler qu’il vous faudra gommer dans les salons. Je répondrai néanmoins à votre question qui, somme toute, n’est que le fruit d’une éducation défaillante couplée à la spontanéité d’une enfant sans expérience.

C’était au tour de Sheena de goûter à la franchise détournée de la baronne. Piquée au vif, elle sentit la morsure de ce retour cinglant chatouiller méchamment son orgueil, sous l’œil amusé de Sergio. Incapable de contenir son rire, ce dernier baissa rapidement le nez sous son regard furibond. Consciente de l’effet produit, la baronne se contenta de cette petite vengeance et enchaîna avec plus de bienveillance :

— Il est exact que je n’ai plus mes entrées à Versailles. Tenter de m’y introduire sans appui serait aussi vain que déplacé, et je ne cultive pas d’illusions à travers vous. En vous entretenant de la sorte, je ne fais que m’acquitter de mon devoir : celui de vous préparer au mieux aux nouvelles responsabilités qui vous attendent.

Extrait chapitre 8:

Déstabilisée par ses manières, si éloignées de celles de leur première rencontre, Sheena se figea un instant, avant de retirer ses doigts comme s’il l’avait brûlée.

— Pourquoi vous montrez-vous si différent de l’homme qui m’a escortée ? Vous étiez tellement froid alors, et voilà que vous vous comportez de façon presque supportable. A quel jeu vous adonnez-vous, Louis ?

— Aucun jeu, répondit-il avec un calme désarmant. Disons que j’ai appris à vous connaître. Votre manque d'hypocrisie m’a convaincu que vous n’êtes pas une intrigante. En retour, je peux donc vous accorder un peu d’indulgence.

Ces paroles, prononcées avec une aisance désarmante, ébranlèrent ses défenses. La complexité de Louis exerçait sur elle une fascination qu'elle ne s'expliquait pas. Il dévoilait une facette moins tranchante de sa personnalité, tout en demeurant insondable, tel un miroir d'obsidienne. Un comportement qui éveillait en elle une curiosité qu'elle jugea périlleuse.

Résolue à ne point se laisser charmer, elle redressa le menton, son regard défiant le sien, pour rebondir sur son propos d’un ton soupçonneux :

— Et comment êtes-vous arrivé à cette conclusion, monsieur l’invisible ?

Nullement troublé, il répliqua avec une nonchalance étudiée :

— Vous observer à votre insu et par rapports interposés, m’a permis d’affûter mon opinion.

L’idée d’avoir été épiée la hérissa aussitôt. Il avait le don de la faire vaciller sur le plan émotionnel. Était-ce volontaire ? Quoi qu’il en fût, cela fonctionnait.

Elle eut beau s’exhorter à ne pas réagir, une pointe d’agacement perça dans sa voix alors qu’elle rétorquait :

— Observation et rapports ? Vous me faites donc surveiller ?

— Ne vous emportez pas, tenta-t-il de l’apaiser. Je prends juste le pouls de la marquise à votre égard lorsque vous évoluez auprès d’elle.

— C’est encore pire, se rembrunit-elle. Vous avez pitié de moi.

— Non, bien au contraire. Je vous juge parmi les plus capables de lui tenir tête. Et jusqu’à présent, vous ne m’avez pas contraint d’user des subterfuges que j’ai conçu pour vous tirer d’embarras en cas de besoin. Votre façon de m’aborder précédemment m’a en outre convaincu que vous ne recherchez pas ma présence. Ce qui me sied fort, car, sachez-le, je n’ai nulle intention de vous épouser. Voilà qui devait vous soulager. Je ne suis pas aveugle. Je devine que cette comédie mise en place par ma mère vous pèse également. Alors, au lieu de  nous chamailler, pourquoi ne pas envisager une entente cordiale, le temps que la bouffonnerie imaginée par nos parents s’achève.

Sheena ne s’attendait pas à un tel déballage de sincérité ni a des arguments si proches de ses propres pensées. Il semblait non seulement un homme de droiture, mais il était sagace, sensible aux nuances, étonnamment conciliant, et tout aussi motivé qu’elle à résister aux diktats familiaux s’ils n’allaient pas dans son sens. Un mélange de rébellion, de retenue et de pragmatisme qui le rendait encore plus séduisant.  Le regard clair qu’il posait sur elle ne contenait nulle ironie, mais un calme serein, véritable invitation à baisser les armes. Il paraissait cependant ne possédait qu’une partie des informations en n’évoquant qu’une simple mariage arrangé, alors que la situation était bien plus complexe. Soit ses parents ignoraient la véritable raison de son départ d’Écosse, soit ils avaient décidé de ne pas en avertir leur fils. Dans les deux cas, son propre silence l’apparentait au mauvais rôle, et elle détestait cela.

Extrait chapitre 9 :

— Monsieur, si les usages de la cour consistent à importuner celles qui ne souhaitent que remplir leur rôle, alors je m’honore d’être une sotte.

Un silence tendu s’abattit sur le groupe. Les gentilhommes entourant Saint-Orlac échangèrent des regards incertains, partagés entre la surprise et l’attrait du scandale. Ne laissant pas le temps de s’exprimer à l’un de ces messieurs, Richard saisit brusquement le poignet de Sheena pour l’empêcher de s’éloigner. Un rictus sur les lèvres et une lueur de défi dans les yeux, il l’attira vers lui d’un geste sec avant de murmurer d’un ton menaçant :

— Vous parler bien pour une fille de peu. Cependant, prenez garde, car à Versailles, mieux vaut choisir ses ennemis avec soin.

Ulcérée, la jeune femme se dégagea d’un mouvement vif. Le regard soudain flamboyant d’une fierté qu’elle n’avait encore jamais révélée à la cour, elle répondit d’une voix ferme :

— Et vous, monsieur, prenez-garde à ne pas sous-estimer celle que vous croyez pouvoir dompter. Je ne suis pas l’une de vos conquêtes faciles et je ne le serai jamais.

🌿Note :
La guerre de Dévolution – 1667-1668) : Il s’agit de la première guerre menée par Louis XIV, pour revendiquer certaines provinces des Pays-Bas espagnoles au nom de son épouse, Marie-Thérèse d’Autriche, en vertu du droit de dévolution. Cette guerre opposait donc la France et l’Espagne (plus tard rejoint par l’Angleterre, les Provinces-Unies et la Suède). L’objectif était de s’emparer de territoires flamands et de la Franche-Comté. Le maréchal de Turenne dirigeait les opérations dans les Pays-Bas espagnols ; le prince de Condé menait la campagne en Franche-Comté. La victoire française aboutit au traité d’Aix-la-Chapelle (1668), qui permit à la France de conserver plusieurs villes flamandes, mais en restituant la Franche-Comté à l’Espagne.